Hiver

Au mois de septembre, le Quiscale rouilleux amorce sa migration depuis ses territoires de reproduction et atteint la partie la plus méridionale de ses aires d’hivernage dès novembre (Avery 1995, DeLeon 2012).   Bien que son aire d’hivernage comprenne la plupart du Sud-Est américain, le Quiscale rouilleux hiverne avant tout dans la vallée alluviale du cours inférieur du Mississippi et dans la plaine côtière du Sud-Est des Carolines et de la Géorgie (Niven 2004, Hamel 2009). Le Quiscale rouilleux s’alimente au sol, principalement dans les milieux humides tels que les boisés inondés, les marécages, les marais et les bords d’eau (Avery 1995). Quoique traditionnellement considéré comme un spécialiste des terres humides boisées, le Quiscale rouilleux se nourrit également dans les fossés au bord de la route, les gazons des cours arrière et des parcs, les pâturages ouverts, les champs agricoles et les vergers de pacaniers (Avery 1995, Luscier et al. 2010, DeLeon 2012). Or, des recherches récentes ont démontré que le Quiscale rouilleux n’est peut-être pas aussi spécialiste qu’on le croyait auparavant, possiblement en raison d’un régime alimentaire plus diversifié en hiver (Luscier et al. 2010, DeLeon 2012).

En période hivernale, les Quiscales rouilleux se rassemblent souvent en petites bandes, auxquelles s’ajoutent parfois des Quiscales bronzés (Quiscalus quiscula), des Carouges à épaulettes (Agelaius phoeniceus), des Étourneaux sansonnet (Sturnis vulgaris), et des Vachers à tête brune (Molothrus ater).

 Bien que les grands rassemblements soient rares, des groupes de Quiscales rouilleux comptant plus de 100 individus sont parfois observés. Ces oiseaux retournent les feuilles mouillées à la recherche d’invertébrés aquatiques tels les insectes, les araignées, les escargots et les écrevisses. Ils ne s’aventurent pas dans les eaux profondes, privilégiant le plus souvent les milieux humides abondamment jonchés de débris ainsi que les eaux peu profondes ne dépassant pas la hauteur de leurs pattes (Luscier et al. 2010, DeLeon 2012). On les observe parfois s’alimenter sur les pelouses humides accompagnés d’autres espèces d’ictéridés et de Merles d’Amérique (Turdus migratorius). Dans les zones résidentielles, un des moments les plus propices pour observer le Quiscale rouilleux est immédiatement après une averse, alors qu’il lui arrive de se nourrir de vers de terres et d’autres invertébrés qui ont été repoussés à la surface des pelouses. En hiver, leur régime alimentaire se compose surtout de graines et de petits fruits, mais on les observe parfois consommant des morceaux de glands et des glands à petite graine, comme ceux provenant du chêne noir (Quercus nigra) par exemple. Ils se nourrissent souvent de pacanes qui ont déjà été cassées en morceaux faciles à manger par des Quiscales bronzés, des écureuils, des voitures ou d’autres machines (Luscier et al. 2010, Patti Newell, données non publiées).

Le Quiscale rouilleux démontre des taux de survie et de nidification élevés pendant la période de reproduction, laissant croire que des éléments agissant dans ses aires d’hivernage ou pendant sa migration pourraient être la cause du déclin de l’espèce. Ainsi, ce sont la perte et la dégradation des habitats sur ses aires d’hivernage qui pourraient constituer la menace la plus importante pour le Quiscale rouilleux (Greenberg et Matsuoka 2010). Les forêts boréales de ses aires de reproduction ont largement été épargnées du développement, mais le déboisement de ses territoires d’hivernage pour la mise en culture et d’autres utilisations se poursuit depuis l’arrivée des colons européens. D’autres facteurs tels que les maladies et des charges parasitaires exceptionnellement élevées en hiver, possiblement en raison des niveaux de stress accrus, pourraient également jouer un rôle de premier plan dans le déclin (Barnard et al. 2010). Des habitats de plus en plus fragmentés pourraient entraîner une plus grande exposition du Quiscale rouilleux à des prédateurs ainsi qu’une compétition accrue avec d’autres ictéridés, qui peuvent utiliser des ressources similaires (Greenberg et Matsuoka 2010). Comme il arrive au Quiscale rouilleux de se mêler à d’autres espèces d’ictéridés considérées comme des « ravageurs de cultures », des programmes de contrôle des oiseaux nuisibles risquent par inadvertance de causer du tort au Quiscale rouilleux. Quoique la perte des habitats dans ses aires d’hivernage puisse présenter la plus grande menace pour le Quiscale rouilleux, une meilleure compréhension de la combinaison des effets néfastes de tous ces facteurs est nécessaire afin d’élaborer des plans de conservation adéquats.

BIBLIOGRAPHIE

Avery, M. L. 1995. Rusty Blackbird (Euphagus carolinus). In The Birds of North America, No. 200 (A. Poole and F. Gill, eds.). The Academy of Natural Sciences, Philadelphia, and The American Ornithologists’ Union, Washington, D.C.

Barnard, W. H., C. Mettke-Hofmann, and S. M. Matsuoka. 2010. Prevalence of hematozoa infections among breeding and wintering Rusty Blackbirds. Condor: 112:849-853.

DeLeon, E.E. 2012. Ecology of Rusty Blackbirds wintering in Louisiana: Seasonal trends, flock composition and habitat associations. MS thesis. Louisiana State University and Agricultural and Mechanical College, Baton Rouge, LA.

Greenberg, R. and S. M. Matsuoka. 2010. Rusty Blackbird: Mysteries of a species in decline. Condor 112:770-777.

Hamel, P. B., and E. Ozdenerol. 2009. Using the spatial filtering process to evaluate the nonbreeding range of Rusty Blackbird, Euphagus carolinus, p. 334–340. In T. D. Rich, C. Arizmendi, D.W. Demarest, and C. Thompson [EDS.], Proceedings of the 4th International Partners in Flight Conference: Tundra to Tropics, McAllen, TX, 13–16 February 2008.

Luscier, J. D., S.E. Lehnen, and K.G. Smith. 2010. Habitat occupancy by Rusty Blackbirds wintering in the lower Mississippi alluvial valley. Condor 112(4):814-848. Niven, D. K., J. R. Sauer, and W. A. Link. 2004. Christmas Bird Count provides insights into population change in land birds that breed in the boreal forest. American Birds 58:10–20.